Le Syndicat national du béton prêt-à-l’emploi (SNBPE) recevait pour son habituel déjeuner-débat, axé cette année sur le management durable des territoires, Alain Juppé, actuel maire de Bordeaux et futur candidat à l’élection présidentielle de 2017. En léger décrochage face aux inquiétudes des organisations industrielles présentes à l’événement, l’ancien Premier ministre a clairement montré que pour lui, la campagne a déjà commencé.
D’entrée de jeu, Alain Plantier, président du SNBPE, interpelle Alain Juppé : « Nous percevons bien, qu’au-delà d’une crise conjoncturelle, nous sommes face à une crise systémique avec de nouveaux comportements économiques qui émergent dès à présent, plus soucieux de partages, de co-activité et d’économie des ressources ». Le décor est planté : on le sait, le secteur du BTP est loin d’être au meilleur de sa forme, et la production des matériaux de construction et des granulats est la première impactée par cette conjoncture morose. Etaient donc rassemblés autour de la table, certes le SNBPE, mais également l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) et l’une de ses branches, l’Union nationale des producteurs de granulats (UNPG). Avec quelques chiffres à l’appui : en 2014, le BPE représentait presque 1 900 unités de production, 36,4 millions de m3 produits et plus de 200 adhérents. Les acteurs de la filière attendent par conséquent des propositions du monde politique pour améliorer la situation.
Des questions techniques et précises, des réponses simples et larges
Quelques thématiques intéressantes ont été évoquées, comme le problème du logement : « Il n’y a pas de stabilité ni de visibilité », a estimé Alain Juppé. « Les changements législatifs et réglementaires sont intempestifs, et on assiste à une prolifération des normes et des mesures dissuasives. Le logement a besoin d’assouplissement. » Les enjeux du prix du foncier et de la préservation de l’espace ont aussi eu leur place dans le discours de l’ancien Premier ministre, qui connaît bien ce problème dans son agglomération bordelaise…
« Nous avons besoin de renouer avec la croissance, mais plus celle des Trente Glorieuses »
Pour ce qui est de la croissance économique, Alain Juppé souhaite la retrouver, mais d’une façon différente qu’auparavant : « La nouvelle croissance sera fondée sur le recyclage et non sur le gaspillage. L’enjeu n’est plus de sortir de la crise mais de rentrer dans le monde nouveau », a lancé le maire de Bordeaux, rejoignant ainsi l’appel de l’Unicem à mettre en place des modes de production orientés vers l’économie collaborative et des investissements plus nombreux et mieux ciblés. « La commande publique doit être un levier de croissance et d’emploi », a affirmé de son côté Michel André, président de l’Unicem. « Il faut intégrer le principe de ‘mieux-disant’, c’est-à-dire qu’il faut rajouter des critères environnementaux à la commande publique en faveur d’une économie circulaire. » Ce à quoi Alain Juppé a rétorqué : « Je comprends vos contraintes, mais comprenez aussi celles des gestionnaires publics locaux ». On attend la suite...
