Alain Rosaz et Laurence Fauque, respectivement président et déléguée générale de la Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l’électronique (Ficime), ont présenté le bilan 2015 et les perspectives 2016 des adhérents de l’organisation. La fin de l’année dernière a commencé à relever la barre, et cette nouvelle année devrait confirmer la reprise.
« La Ficime a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires global de plus de 40 milliards d’euros, et compte 400 000 emplois directs, indirects et induits », explique Alain Rosaz. « Depuis le 2nd semestre 2015, nous observons une bonne résistance de l’activité liée à la consommation, qui devrait se poursuivre en 2016. Sur le plan de l’investissement, 2016 devrait également être l’année de la reprise grâce aux effets de la loi Macron. » En 2015, les secteurs de la Ficime liés à l’investissement (qui représentent 1/3 de l’activité totale de la fédération) ont encaissé une chute de 7,1 % de leur chiffre d’affaires en comparaison à 2014. Dans le détail des segments, les matériels de BTP et de manutention reculent de 12,3 %, à cause de l’absence de grands travaux et de la baisse de la dépense publique (les collectivités territoriales ont vu leurs dotations diminuer). Cependant, la baisse enregistrée au 2nd semestre était moins importante que celle du 1er semestre, premier signe encourageant. Au niveau des moteurs industriels, l’activité a diminué de 16,2 % en raison de l’application des nouvelles normes antipollution Tier IV Final. De leur côté, les machines d’emballage et de process augmentent légèrement (+ 2 %), grâce à l’évolution favorable de la réglementation en vigueur sur ce type d’engins. L’outillage électroportatif et espace vert professionnel recule très légèrement (- 0,1 %), ce qui s’explique par la mauvaise santé des artisans du bâtiment et des conditions météorologiques inadéquates. Enfin, l’électronique professionnelle progresse de 0,4 %.
+ 19 % attendus pour le BTP en 2016
La Ficime a déjà établi des prévisions plutôt optimistes pour le 1er semestre 2016. L’activité liée à l’investissement devrait bondir de 9 %, avec notamment un formidable retour en force des matériels de BTP, enregistrant + 19 % ! « Ceci grâce à la loi Macron et à son effet de suramortissement », explique Alain Rosaz. « Mais même si le suramortissement permet de doper temporairement les ventes, nous craignons une surchauffe ultérieure de ce dispositif qui finira par s’épuiser sur le long terme. » La loi Macron devrait aussi profiter, mais dans une moindre mesure cette fois, aux machines d’emballage et de process, qui augmenteraient de 3 %. Avec la relance du bâtiment déjà palpable à l’heure actuelle, l’outillage électroportatif et espace vert professionnel progresserait de 2 %. En revanche, les prévisions demeurent négatives pour les moteurs industriels (- 2 %) et l’électronique professionnelle (- 3 %).
Parmi les syndicats composant la Ficime, le Seimat (Syndicat des matériels de travaux publics, mines et carrières, bâtiment et levage, manutention) affiche un assez bon dernier trimestre 2015. Son président, Jean-Marie Osdoit, reste résolument positif pour la nouvelle année, mais ne communique pas de données chiffrées pour le moment : « Bien que nous ayons subi une baisse d’activité dans la location en 2015, nous avons constaté des effets surprenants de la loi Macron. Si bien que nous devrions observer un renversement à 180° de la tendance de l’investissement chez les grands loueurs en 2016. Nous n’avons pas encore la totalité des chiffres du marché en notre possession, mais je peux déjà vous dire que le volume d’investissement sera vraisemblablement important en 2016, après une année 2015 morose ».
La loi Macron au centre de la reprise
Alain Rosaz est revenu plus en détail sur la loi Macron, décrite à maintes reprises comme un levier incontournable de reprise de l’activité : « La Ficime souhaite que le suramortissement, mis en place par la loi Macron, soit prorogé au-delà du mois d’avril 2016, date à laquelle il doit théoriquement prendre fin, et qu’il soit étendu à d’autres secteurs d’activité. Mais il ne faut pas se tromper sur ce dispositif qui crée un effet trompe-l’œil, dans la mesure où la reprise qu’il engendre n’est qu’artificielle, car elle n’est pas basée sur l’activité structurelle en elle-même. Dans tous les cas, notre organisation appelle de ses vœux le prolongement du suramortissement jusqu’à la fin 2016. Nous sommes actuellement en pleines négociations avec Bercy [ministère de l’Economie et des Finances, ndlr] à ce sujet ».