En pleine course aux élections présidentielles américaines, les candidats Donald Trump et Kamala Harris ne se démarquent encore pas. Tout est encore possible. Mais quel impact aura l’élection du candidat républicain en cas de victoire sur la Construction et la location de matériels aux Etats-Unis ?
On aura rarement vu des élections présidentielles américaines aussi chahutées, entre la tentative d’assassinat de l’ex-président républicain Donald Trump et le retrait du président sortant démocrate Joe Biden au profit de sa vice-présidente Kamala Harris. Or la victoire du camp républicain le 5 novembre prochain aura forcément ses conséquences sur le marché américain de la construction et de la location de matériels TP.
De nature traditionnellement conservateur, le marché de la construction américain pourrait d’abord s’attendre à de potentielles réductions d’impôts. "L’un des textes législatifs les plus importants adoptés par l’administration Trump a été le Tax Cuts and Jobs Act (TCJA), devenu loi en 2018, modifiant l’Internal Revenue Code des États-Unis de 1986. La Construction a vu un nouveau taux d’imposition forfaitaire (21 %), comparé à un taux d’imposition progressif allant de 15 % à 39 %, en fonction du montant du revenu imposable de l’entreprise", peut-on lire chez nos confrères de KHL (International Rental News).
"Certaines parties de la loi fiscale favorisaient également les sociétés ayant des activités à l’étranger. La loi a fait passer les États-Unis d’un système fiscal mondial à un système fiscal territorial dans lequel chaque filiale d’une entreprise paie le taux d’imposition du pays dans lequel elle est légalement établie (en économisant la différence entre le taux d’imposition généralement plus élevé des États-Unis et le taux d’imposition le plus bas. où l’entreprise est établie). Certaines parties de la loi fiscale devraient expirer pour les particuliers en 2025, cependant, les réductions de l’impôt sur les sociétés sont permanentes jusqu’à ce qu’elles soient modifiées par la loi", apprend-on.
Si l’on en croit les déclarations du gouverneur républicain de Virginie, Glenn Youngkin, la TCJA pourrait être renouvelée par Donald Trump ou prendrait des mesures en vue d’étendre la loi existante "même si rien n’a été signalé à ce stade de sa campagne". L’incertitude entourant l’impôt sur les sociétés aurait pour conséquence le "gel des activités commerciales chez certains, tout en inspirant une vague de fusions et d’acquisitions avant les élections".
Du protectionnisme dans l’importation des matériels et matériaux
"L’une des initiatives majeures de la présidence Trump a été la mise en œuvre d’une politique économique « America First », qui consistait notamment à éloigner le pays des accords de libre-échange multilatéraux et à se tourner vers des accords commerciaux bilatéraux. Dans le cadre de cette politique, l’administration Trump a imposé des droits de douane drastiques sur les produits importés, notamment en provenance de Chine, y compris sur des matériaux vitaux pour l’industrie de la construction : les panneaux solaires, l’acier et l’aluminium. Alors que presque tous les pays important des marchandises aux États-Unis se sont vu imposer des droits de douane, la plupart des droits de douane et les taux les plus élevés ont été imposés sur les importations chinoises", rappelle KHL.
Alors que les dirigeants du parti républicain continuent à voir un « déséquilibre » entre les importations et les exportations américaines, le membre du Congrès républicain du Wisconsin, Bryan Steil a plaidé, à l’occasion d’un meeting à l’usine Komatsu de Milwaukee, durant la Convention nationale républicaine, pour des accords commerciaux "gratuits, justes et réciproques", rappelant le souhait des constructeurs d’engins TP "d’encourager les exportations de produits innovants fabriqués aux États-Unis".
Pas de nette différence entre la position Trump et la position Biden
Les partisans du libre-échange n’ont pas épargné Trump pendant son mandat et ont continué à affirmer que le soutien de Biden aux droits de douane sur les matériaux chinois importés est anticoncurrentiel et entrave la croissance. Selon les déclarations de Michelle Ritchie, responsable des transactions de produits industriels au sein du cabinet de conseil mondial PwC, à Construction Briefing, des tarifs douaniers supplémentaires pourraient alimenter des chiffres d’inflation déjà élevés. Les entreprises continueront d’investir dans les services et produits de première nécessité, mais réduiraient leurs investissements dans d’autres secteurs.
"Si Joe Biden a assoupli une grande partie des tarifs douaniers de l’ère Trump, en particulier pour les gouvernements des alliés des États-Unis, le président sortant s’est néanmoins réengagé à imposer des taxes sur les produits chinois en mai dernier", écrit KHL. "Il a non seulement maintenu les droits de douane d’une valeur de plus de 300 milliards de dollars imposés par son prédécesseur, mais a ajouté 18 milliards de dollars supplémentaires à une nouvelle liste de produits chinois soumis à des droits de douane, notamment les véhicules électriques, les batteries, les semi-conducteurs, les cellules solaires et les grues portuaires. Combien même il serait difficile de prédire exactement à quoi ressemblerait une nouvelle guerre commerciale entre Trump et la Chine, la présidence de Trump ne devrait pas être trop radicalement différente à cet égard de l’administration Biden actuelle, du moins à court terme", assurent nos confrères.
Un marché flexible
Finalement, peu importe qui parviendra jusqu’à la Maison Blanche. Michelle Ritchie mise sur la capacité du secteur de la Construction à s’adapter aux fluctuations des politiques. En attendant, elle prédit une vague de "protectionnisme" et d’’isolement" des entreprises dans les prochains mois, ce qui pourrait avoir un effet sur la location du matériel.