Karima Delli, députée européenne et président de la commission des transports au Parlement européen, ainsi que plusieurs députés européens et écologistes dénoncent le projet de tunnel Schloesing à Marseille, "qui semble bafouer les règles de concurrence communautaires, celle de la concertation publique et de la protection de l’environnement".
Il y’a environ un an, la métropole Aix Marseille Provence a confié la réalisation d’une bretelle souterraine entre le Bd Schloesing et l’entrée du tunnel Prado Carénage à la Société Marseillaise du Tunnel Prado Carénage (SMTPC) en approuvant un avenant à la concession de réalisation et d’exploitation du tunnel. La métropole a envoyé récemment un dossier à la commission européenne pour que celle-ci vérifie les règles de compatibilité du montage financier avec les règles de la communauté.
Dans une lettre ouverte, Karima Delli, Michèle Rivasi (députée européenne écologiste), Nouriati Djambae (élue écologiste de la Métropole Aix Marseille Métropole), Hervé Menchon (élu écologiste du 3e secteur de Marseille) et François Coste (ancien cadre territorial à la Mission Métro-Tramway de la Communauté urbaine MPM) s’opposent au projet, arguant qu’il "porte atteinte à l’environnement et il est financé dans des conditions qui nous semblent contraires à l’intérêt des citoyens métropolitains".
Pour relier le boulevard Schloesing au tunnel Prado Carénage, il est en effet décidé de réaliser une liaison sous-terraine entre le Bd Schloesing et le tunnel Prado Sud pour un montant de travaux de 47,2 M€. Cette liaison passe au dessous de la place du Général Ferrié qu’il est nécessaire d’aménager pour y faire passer une ligne de tramway. Le Tunnel Prado Sud est un tunnel concédé reliant le Rond Point du Prado au Tunnel Prado Carénage. La partie du Tunnel Prado Sud nécessaire pour compléter la liaison jusqu’au tunnel Prado Carénage a été sortie de la concession TPS et intégrée à la concession du Tunnel Prado Carénage (pour un montant de 49,8 M€).
Or, "l’avenant à la concession signé entre la Métropole et la Société du tunnel Prado Sud ne prévoit pas de diminution de la durée de concession, si bien que les contribuables de la Métropole Aix-Marseille-Provence ont payé deux fois cette partie du TPS", écrivent les élus dans la lettre. "Au total, l’avenant à la concession du Tunnel Prado Carénage est d’un montant de 97 M€ soit 42 % du montant initial des travaux (valeur 2017). Les citoyens et élus que nous sommes pensons qu’il était nécessaire de faire un appel à concurrence".
Et de montrer du doigt la métropole qui s’appuie sur "un arrêt du Conseil d’Etat du 23 décembre 2016 relatif au Plan de Relance Autoroutier" pour justifier l’absence de mise en concurrence. "Elle prétend que l’avenant à la concession du TPC répond aux dispositions du 2° de l’article 36 de l’arrêt dès lors qu’il porte sur des travaux qui sont devenus nécessaires après l’attribution de ces concessions. Or ces travaux ne sont absolument pas nécessaires et ne répondent ni aux risques liés à l’accroissement du trafic, ni à l’amélioration de la sécurité routière".
En outre, "SMTPC argue que la bretelle sous-terraine permettra de limiter les remontées de queue dans le tunnel " mais "il apparaît plus simple et moins onéreux de mettre en place une détection appropriée et des panneaux d’avertissement". "En tout état de cause, SMTPC oublie que la mise en service complète de la deuxième rocade entre les autoroutes A7 et A50 diminuera le trafic du tunnel. La mise en service partielle entre l’autoroute A50 et Frais Vallon a déjà diminué le trafic du tunnel de 15%", rappellent les élus.
"La métropole justifie politiquement la réalisation de la liaison souterraine par la nécessité de déposer les passerelles du carrefour du Général Ferrié dans la perspective de la réalisation d’une ligne de tramway traversant cette place. Elle prétend que la dépose des passerelles, sans liaison souterraine routière, présente un risque majeur d’engorgement du trafic routier", poursuit la lettre.
Pourtant, la mise en service totale de la rocade entre les autoroutes A50 et A7, de par la réorganisation de la circulation automobile dans la ville, devrait permettre d’aménager la place du général Ferrié sans réalisation de la trémie autoroutière tout en démontant les anciennes passerelles existantes et en aménageant le passage du prolongement de la ligne de tramway T3 entre Castellane et La Gaye.
"Aucune réflexion dans ce sens n’a été entreprise par la métropole qui n’a jamais étudié de variante à la réalisation de cette bretelle. L’évidence de la réalisation de cette bretelle autoroutière est telle, pour la métropole, que cette liaison sous souterraine n’est pas inscrite dans le PDU de la Communauté Urbaine voté en 2013, ni dans l’agenda de la mobilité voté en 2017", scandent encore les élus.