51 555 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2023, et près du tiers des pertes d’emploi se concentrent dans la construction notamment.
51 555 dirigeants sans emploi, ce sont 12 800 femmes et hommes de plus qu’en 2022, soit + 33,3 % sur un an, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs de l’association GSC et du groupe Altares. Le nombre de pertes d’emploi dépasse les seuils d’avant-crise Covid et atteint son plus haut niveau depuis la crise financière de 2016.
L’âge médian des entrepreneurs qui ont connu une perte d’emploi est de 46 ans. Les dirigeants « seniors » demeurent particulièrement vulnérables: un tiers des chefs d’entreprise touchés ont dépassé l’âge de 51 ans. L’augmentation est également significative pour les jeunes entrepreneurs de moins de 26 ans: 1 240 se sont retrouvés en situation de perte d’emploi, soit + 33,5% sur un an.
En cause, la hausse des taux d’intérêt, la fin des aides Covid et la reprise des procédures d’assignation Urssaf qui accentuent les problèmes de trésorerie des chefs d’entreprise. Les entrepreneurs expérimentés, à la tête d’une entreprise depuis 7 ans en moyenne, ont également été impactés en 2023. Et le secteur de la construction est particulièrement sinistré avec une hausse de + 40% sur un an.
Plus de 9 entrepreneurs sur 10 ayant perdu leur emploi en 2023 dirigeaient une structure de moins de 5 salariés. Les entrepreneurs à la tête d’une structure de 6 à 9 salariés ont subi la plus forte augmentation, 51,3 % sur un an, soit 2 571 entrepreneurs touchés. 22 117 gérants de SARL et 21 516 de SAS étaient impactés par la perte de leur activité. Ces hausses, de respectivement 28,4 % et 43,9 % par rapport à l’an passé, s’expliquent notamment par l’augmentation des créations d’entreprise sous le régime de la SAS. Les artisans-commerçants, ayant subi de plein fouet l’inflation en 2023, sont 4 495 à s’être retrouvés au chômage, une catégorie qui représente 10% du total et qui est en augmentation de 32,5 %. Par conséquent, plus de 9 entrepreneurs sur 10 en situation de perte d’emploi dirigeaient une société commerciale.
Près de 8 entrepreneurs sur 10 touchés (22 924 femmes et hommes) se trouvaient à la tête d’une entreprise dont le chiffre d’affaires était inférieur à 500000 euros, confirmant la plus grande vulnérabilité des petites structures. À l’inverse, seuls 429 chefs d’entreprise déclaraient un chiffre d’affaires supérieur à 5 millions d’euros.
Les chiffres révèlent que même les structures établies depuis longtemps sont vulnérables en raison des tensions économiques. Les entrepreneurs subissent de plein fouet les effets de conjoncture et n’arrivent pas à générer suffisamment de revenus pour honorer leurs dettes. En 2023, les dirigeants ayant perdu leur activité étaient à la tête d’une entreprise créée en moyenne il y a 9 ans.
Les chefs d’entreprise exerçant dans le secteur de la construction connaissent de grandes difficultés: 12 071 hommes et femmes concernés soit une augmentation de 40,2 %. Les agences immobilières enregistrent la pire tendance (767 chefs d’entreprise; + 103,4%). L’ensemble des activités du bâtiment est également en souffrance et comptabilise à elle seule 10 219 pertes d’emploi.
Tout le territoire concerné
L’Île-de-France - première région économique du pays - est l’un des territoires les plus touchés, après avoir été relativement épargnée en 2022, avec 11 359 chefs d’entreprise sans emploi en 2023 (+ 36,7 %). Cela représente près d’un quart des pertes d’emploi en France. La hausse des pertes d’emploi en Auvergne-Rhône-Alpes (6 359 ;+38,7 %) et en Occitanie (4 924;+38,7%) est supérieure à la moyenne nationale. En Bourgogne-Franche-Comté ainsi qu’en Nouvelle-Aquitaine, le nombre d’entrepreneurs en situation de « chômage » a augmenté de 35,5 % (respectivement 1 809 et 4 499). Alors que les Hauts-de-France accusaient une sévère dégradation en 2022 (+ 73,3 %), le territoire enregistre la plus faible évolution cette année (+ 19 % soit 4 055 chefs d’entreprise impactés).