En moyenne, ne pas faire les travaux nécessaires d’entretien des ponts coûte près de 9 fois plus cher que de les réaliser, estime le Syndicat des réparateurs d’ouvrages d’art. En effet, un pont que l’on ne surveille pas, se dégrade de façon invisible. Si on le laisse se dégrader, les problèmes croissent de façon exponentielle, les coûts de réparation et les coûts socio-économiques et environnementaux aussi. Ce résultat est le fruit d’une étude réalisée sur 10 ouvrages. La valeur selon laquelle ne pas agir ou agir tardivement coûte 9 fois plus cher que d’agir est une moyenne qui reflète imparfaitement les situations uniques de chaque ouvrage.
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- Pour le budget de la collectivité. Il est plus économe de faire les travaux rapidement plutôt que d’attendre : plus on laisse la situation se dégrader, plus les travaux sont importants, et plus cela va peser sur le budget de la collectivité. En moyenne, il faut compter sur un investissement multiplié par 3 si on reporte les travaux des ponts d’une décennie. Ce surcoût n’est pas lié à l’inflation, mais aux travaux supplémentaires qu’il conviendra d’engager en raison de la dégradation accrue de l’ouvrage.
- Les impacts sur les citoyens et les entreprises. Ne pas faire les travaux, c’est assumer qu’il y aura des fermetures complètes des ponts, longues et parfois définitives, afin d’assurer la sécurité des usagers. Or une fermeture de pont engendre des détours, qui à leur tour génèrent :
• Des pertes de temps
• Avec celles-ci, des coûts d’usage des véhicules, qui sont autant de pertes de pouvoir d’achat pour les automobilistes
• Une probabilité d’accidents de la route supplémentaires
• Des émissions de CO2 et de polluants atmosphériques
• Des pertes d’exploitation pour les commerçants dans les zones concernées
Une conversion en euros (monétarisation) a été effectuée pour l’ensemble de ces impacts, en se basant sur les référentiels de l’Etat, sur les données de fréquentation de chaque pont et sur l’estimation des distances à parcourir en cas de fermeture du pont et de nécessité de détour. En moyenne, l’impact extra-budgétaire est quasiment 6 fois plus élevé que le coût des travaux nécessaires d’entretien. En d’autres termes, les citoyens et la planète sont les grands perdants des reports de travaux. Ainsi reporter les travaux, c’est en moyenne 3 fois plus cher en termes budgétaires et 6 fois plus cher au plan socio-environnemental. Au global à 10 ans, il est donc 9 fois plus coûteux de ne pas faire les travaux plutôt que de les réaliser, malgré des montants de travaux qui peuvent de prime abord rebuter certains décideurs publics court-termistes.
D’autant que les chiffrages proposés sont conservateurs. En effet, certains effets dramatiques liés à la fermeture des ponts dans les territoires enclavés n’ont pas été chiffrés, comme l’isolement, la perte de liens et les pertes économiques.
Les 10 cas étudiés
La méthode d’évaluation socio-économique a été adoptée pour 10 ouvrages récemment réhabilités, sélectionnés pour leur variété en termes de : - Géographie, la plupart des régions étant représentées, avec des territoires ruraux, urbains et semiurbains
- Taille d’ouvrage
- Typologie de maître d’ouvrage, avec des ouvrages propriétés de communes, de départements comme de l’État
- Types de structure (maçonnerie, béton, métallique)
Ainsi, on retrouve à la fois, le pont du Bonheur dans le Gard, pour lequel le montant de rénovation s’est élevé à environ 200 k€, et qui enregistre une fréquentation quotidienne d’à peine plus d’une centaine de véhicules par jour ; et à l’opposé, le pont de Groléjac qui enjambe la Dordogne, qui a nécessité plus de 10M€ d’investissement et enregistre une fréquentation de l’ordre de 4500 véhicules et 250 poids lourds par jour. Dans l’ensemble des études de cas, la mise en évidence des distances supplémentaires à parcourir en cas de fermeture (d’une durée plus ou moins longue selon l’ampleur des travaux nécessaires) est frappante :
+ 5 km pour contourner le pont du Tilleul,
+12 km pour le pont du Doubs,
+13,5 km pour le pont d’Andelys,
+20 km pour le pont du Port qui Tremble,
+25 km pour le pont de Groléjac, …
Multipliées par les données de fréquentation, ces distances supplémentaires par trajet aboutissent à des distances supplémentaires par année de fermeture qui se comptent en centaines de milliers de kilomètres, voire en millions de kilomètres. Le bien nommé pont du Bonheur, avec sa fréquentation quotidienne d’environ 110 véhicules par jour et ses détours nécessaires de 3 km en cas de fermeture (qui aurait duré 3 ans en cas de report des travaux, alors qu’une simple circulation alternée a été suffisante lors des travaux de 2023), génère près de 120 000 km de détours par année de fermeture. Dès lors, le coût sociétal de ces détours est colossal (voir illustration ci-dessus).
Les ponts routiers en chiffres
Entre 200 000 et 250 000 ponts routiers en France
12 000 appartiennent au réseau d’Etat non concédé
12 000 appartiennent au réseau d’Etat concédé
100 à 120 000 ponts appartiennent aux départements
80 à 100 000 ponts appartiennent au bloc communal
40 000 ponts sont en très mauvais état en France
1 pont tous les 30 km présente une dégradation structurelle importante
En moyenne, ne pas faire les travaux nécessaires d’entretien des ponts coûte près de 9 fois plus cher que de les réaliser.