Arnaud Colson, président de l’UNPG (Union nationale des producteurs de granulats), revient avec nous sur l’année 2015 et son piètre bilan en termes de granulats, ainsi que sur l’année 2016 et ses nombreuses attentes en matière de projets et donc de chantiers. L’adaptation de la profession et certains signes encourageants consolident l’espoir d’un redémarrage.
Comment votre profession a-t-elle clôturé l’exercice 2015 ? Et quel regard portez-vous sur l’année 2016 ? Arnaud Colson (A. C.) : Pour 2015, notre organisation enregistre une baisse d’activité de 8 % par rapport à 2014. Ce qui représente une baisse de 30 % depuis 2008 avec un volume d’activité qui se situe aux alentours de 320 millions de tonnes de granulats consommés dans le BTP, du jamais vu depuis trente ans ! Les perspectives 2016 ne sont pas non plus très réjouissantes, dans la mesure où l’activité devrait encore tourner autour de – 1 % en comparaison à 2015. Notre profession n’est donc pas encore rentrée dans une dynamique de reprise ; certes on sent un infléchissement de la baisse d’activité, mais on ne peut pas encore véritablement parler de relance. Sur le terrain, les TPE-PME, qui constituent quasiment la moitié de notre portefeuille d’entreprises, souffrent énormément et ne possèdent pas forcément la trésorerie nécessaire pour tenir le coup. Et notre dépendance, à hauteur de 80 %, à la commande publique, nous oblige à espérer une relance des grands travaux début 2016, complétée par des programmes de logements significatifs. De plus, nous craignons que la mise en place des nouvelles régions et tous les changements administratifs qu’elle implique ne repoussent encore l’arrivée d’une dynamique de reprise. C’est pourquoi nous tablons plutôt sur début 2017, voire fin 2017 pour un éventuel redémarrage de l’activité.
Des travaux routiers préoccupants
En dépit de l’horizon assez sombre de l’industrie des granulats, de quelle manière abordez-vous 2016 ? Quelles seront les problématiques et les enjeux de cette nouvelle année ? A. C. : En 2016, l’UNPG poursuivra sa participation dans les groupes de travail sur la simplification administrative et réglementaire – l’autorisation unique, la concertation des acteurs, la pénibilité… Notre but, c’est de maintenir une certaine marge de manœuvre et donc une flexibilité à nos entreprises, parce qu’on ne peut pas se permettre d’être trop contraints. L’UNPG surveille par ailleurs de très près la relance des plans régionaux d’infrastructures et la relance du bâtiment. Les très grands chantiers, type Grand Paris, canal Seine-Nord, Notre-Dame-des-Landes…sont très spécifiques et vont certainement jalonner l’activité, mais de manière ponctuelle et régionale. C’est le volet quotidien des travaux routiers qui nous préoccupe plus, car le réseau routier français commence à montrer des signes de fatigue et il va falloir envisager de le rénover. Or, la budgétisation de ces travaux de rénovation risque de poser problème… Enfin, notre profession attend beaucoup de l’application de certaines directives comme l’économie circulaire, pour laquelle les carriers ont une priorité : maintenir leurs sites comme élément important de valorisation du foncier d’une part, et de réhabilitation avec des matériaux de remblais d’autre part. L’autre priorité est de travailler sur toutes les applications de la loi biodiversité, plus précisément les compensations écologiques en lien avec l’accès à la ressource, et ce en concertation avec les ONG et les ministères.
En bref, nous n’avons aucune raison de penser que la sortie du tunnel aura lieu avant fin 2016. Mais nous gardons espoir, car des signaux encourageants dans le logement et sur quelques grands chantiers de TP sont visibles, et surtout nos entreprises et leurs dirigeants ont su s’adapter et sont prêts à accompagner cette reprise tant attendue.