Très attendu, le rapport Simian sur "le verdissement du parc ferroviaire français" remis jeudi 22 novembre à Élisabeth Borne préconise de développer la filière hydrogène française pour remplacer les trains diesel. Après avoir passé en revue différentes options, le député conseille de se concentrer sur deux technologies : celle des batteries à court terme et celle de l’hydrogène à plus long terme.
Le transport ferroviaire est un mode vertueux sur le plan écologique. Il représente en effet moins de 1 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports. Cependant, si plus de 80 % des circulations sont réalisées grâce à la traction électrique, le rapport pointe du doigt les 20 % restants fonctionnant au diesel, soit environ un millier de trains circulant sur des dessertes fines du territoire non électrifiées. L’électrification des lignes étant très coûteuse, le député pointe la nécessité d’envisager des solutions alternatives autonomes afin d’atteindre l’objectif d’une neutralité carbone en 2050. Selon Benoît Simian, les solutions avec des batteries sont déjà « disponibles sur le marché sans qu’il soit nécessaire que l’Etat soutienne financièrement des expérimentations ou des déploiements ». Dans ce contexte, le député, qui écarte l’emploi de biocarburants en raison d’un bilan environnemental sujet à caution, propose de jeter les bases de la création d’un écosystème autour du train à hydrogène, en mobilisant la SNCF, les acteurs industriels et en amenant les régions à exprimer des besoins concrets quant aux lignes TER qui pourraient servir pour une expérimentation. « Il faut vite arrêter les conditions techniques et réglementaires qui permettront des premières circulations de trains à hydrogène avant 2022 », souligne-t-il en prenant pour exemple la circulation en Allemagne de deux trains Coradia iLint d’Alstom depuis le 17 septembre 2018. La directrice générale de l’EPSF a précisé de son côté qu’elle ne voyait pas à ce stade d’obstacle important à une autorisation d’un matériel roulant à l’hydrogène en France avant cette date. Elle a cependant noté l’absence de base législative et réglementaire pour ce qui concerne le transport d’hydrogène pour la propulsion des trains.
Un plan national hydrogène Le 1er juin dernier, le Gouvernement a présenté un Plan National hydrogène pour développer des solutions à hydrogène pour les transports routiers, ferrés, ou fluviaux. Un appel à projets de l’Ademe a été lancé dès le mois d’octobre, destiné à accompagner le développement toutes les mobilités hydrogène. L’organisme est également mobilisé pour que la SNCF élabore le cahier des charges du futur train à hydrogènes français avec l’appui des Régions. Alstom a par ailleurs déjà proposé une version française de son train à hydrogène qu’il sera possible d’acquérir sans passer d’appel d’offres, via un contrat-cadre existant. Seul hic, il faudrait rapidement une trentaine de commandes pour en lancer la production ! Le Gouvernement va quant à lui « s’engager à travailler aux modalités d’expérimentation les plus pertinentes », a commenté Elisabeth Borne avant de préciser que c’est le sens du projet de loi d’orientation des mobilités, qui vise à renforcer la coordination des acteurs de la mobilité. Dès début décembre, Benoît Simian participera à de nouvelles réunions de travail en lien avec la SNCF, les régions candidates et Alstom. L’objectif, ainsi qu’évoqué par le PDG de la SNCF Guillaume Pepy, est d’aboutir à une première commande d’ici à l’été 2019.