A l’issue de leurs conseils d’administration extraordinaires respectifs, la RATP et SNCF Voyageurs, en lien avec Île-de-Mobilités, ont décidé de confier au consortium Bombardier-CAF le renouvellement des trains du RER B.
L’annonce est officielle, mais cependant toujours sous réserve de recours judiciaire : Île-de-France Mobilités, la RATP et la SNCF ont choisi le consortium Bombardier-CAF pour le renouvellement des rames du RER B, au dépend d’Alstom. Ce projet majeur, d’un montant de 2,56 milliards d’euros, initié et financé par Île-de-France-Mobilités, va enfin permettre l’acquisition de 146 trains dénommés MI20 (pour Matériel interconnecté commandé en … 2020). Il répond également à la volonté de moderniser cette ligne essentielle à la vie de millions de voyageurs pour améliorer sa fiabilité et sa ponctualité. Ces futurs trains commenceront à circuler entre Saint Rémy-les-Chevreuse et Roissy à partir de 2025. Ils bénéficieront du système de pilotage automatique Nexteo. Entre temps, des travaux seront engagés pour moderniser les infrastructures (aiguillage, signalisation) sur la partie sud et des gares seront modernisées.
Pour rappel sur l’imbroglio de la procédure Le jeudi 17 décembre 2020, le Tribunal Judiciaire de Paris, à la requête d’Alstom, avait suspendu partiellement la procédure de passation du marché MI20 en demandant une reprise partielle de cette dernière en considérant que « la RATP n’était pas en droit de modifier certains paramètres d’évaluation du critère prix en cours de procédure ». Sans attendre, la RATP et la SNCF ont décidé de se pourvoir en cassation car selon eux : « cette modification concernait tous les concurrents de manière non discriminatoire, et visait l’adaptation des conditions d’exécution du marché, pour tenir compte des contraintes nouvelles de planning, notamment liées à la crise sanitaire ». Précisant que le recours en cassation « n’était pas suspensif », la RATP a donc mis sans délai en application la décision du tribunal en reprenant partiellement la procédure, afin de conclure le marché au plus vite, au bénéfice des Franciliens. Et a demandé aux candidats de déposer leurs offres révisées pour début janvier. Or, faisant ceinture et bretelle, Alstom avait également engagé un recours devant le Tribunal Administratif de Paris. Ce dernier ayant été rejeté aujourd’hui même dans l’ensemble des arguments présentés par Alstom, la conformité de la procédure suivie s’est trouvée validée et a permis à la RATP et SNCF Voyageurs, d’attribuer le marché.
Reste qu’il est difficile de comprendre l’attitude risquée d’Alstom vis-à-vis de ses principaux clients. D’autant que si le constructeur n’a pas gagné l’appel d’offres, il n’a pas complètement perdu la partie car à la fin du mois, le 29 janvier, Bombardier et son usine de Crespin entreront officiellement dans son giron. D’après la RATP, il s’agirait là d’une manœuvre de diversion dont le seul but reste de gagner du temps. Un avis partagé par la rédaction de La Lettre des Cheminots, qui considèrent les requêtes d’Alstom comme une tactique « pour faire traîner le processus au-delà de la reprise de Bombardier Transport, laissant imaginer une possible révision ou un retrait de l’offre commune avec CAF, voire que l’appel d’offres soit déclaré infructueux ». Alstom estimant « que si Bombardier remporte le marché, l’offre canadienne ne sera pas assez rémunératrice, voire pas viable, économiquement ».